Naissance d'une commune

Le hameau de Beauchamp

Encore en 1861, l'écart de Beauchamp n’est qu’une vaste étendue de plaines et de massifs boisés au sud de Taverny. On n’y dénombre qu’un château et deux habitations qui en dépendent. En tout et pour tout 17 habitants. Au rond-point de la Chasse se trouve un rendez-vous de chasse fréquenté par Napoléon III.

La présence de la station de chemin de fer, ouverte en 1847, va changer la donne. De nombreuses personnes séduites par la beauté du site et la proximité avec Paris se font bâtir des résidences tout alentour. En 1921 le hameau comptera jusqu’à 1031 habitants, soit près du quart de la population de Taverny.

Situés à la périphérie, les habitants du hameau s’estiment délaissés et ne pas bénéficier du même niveau d’équipement public que ceux du cœur de ville. Dès avant la fin du siècle, un groupe de pression se constitue autour de conseillers municipaux dont deux sont même désignés officiellement par le maire pour assurer la défense des intérêts spécifiques des Beauchampois.

Le 24 août 1901, ce groupe formalise son existence en se constituant en Comité de défense des intérêts des habitants de Beauchamp, pourvu de statuts, avec élection d’un conseil d’administration et d’un bureau. Presque un conseil municipal parallèle ! Qui se comporte comme tel en créant ses propres commissions et en bénéficiant d’un budget propre alimenté par les cotisations. Camille Fouinat en est désigné président.

Vers l'autonomie

La création de ce comité prouve que l’idée d’une « sécession » trottait dans les têtes de ses membres depuis longtemps. Elle se concrétise en 1905 par une pétition, sous forme de dossier argumenté, adressée au Ministre de l’Intérieur. Elle est relayée auprès du conseil municipal de Taverny qui, bien sûr, la rejette.

Pourtant, l’idée paraît rencontrer un écho plutôt favorable auprès des autorités nationales. Il faut dire que les membres du comité sont gens d’influence et semblent être efficaces dans l’art du « lobbying ».   Les discussions sont âpres, non seulement avec Taverny, mais également avec Pierrelaye et Montigny, le tracé de la future commune se proposant d’empiéter notablement sur leur territoire.

Le dossier semble prêt d’aboutir lorsqu’en 1914 la guerre éclate. La paix revenue, les élections municipales de 1920 à Taverny désignent une majorité qui accepte l’idée de l’autonomie de Beauchamp. La loi portant création sera finalement votée le 30 mars 1922.

Les premières élections ont lieu les 22 et 29 juin 1922. Il y a 277 votants sur 354 inscrits. C’est Camille Fouinat qui arrive en tête, mais malade, il décline la proposition d’être maire et se désiste au profit de Louis Bousquet, arrivé au second rang.

La nouvelle commune part de rien, et les premières années sont placées sous le signe de la « débrouille ». Mais elle trouve rapidement ses marques et après une décennie les premières réalisations communales voient le jour : le marché couvert, la salle des fêtes, l’école Paul Bert puis le dispensaire.  Le 10 juin 1934, une grande cérémonie est organisée dans la toute nouvelle salle pour l’installation des services publics, marquant ainsi l'arrivée à maturité de la commune.

Rédigé à partir de l’article de Jean-Claude Marc et des travaux de l’Association Généalogique de Taverny, que nous remercions.